Les parties civiles ont réclamé la condamnation de l’essayiste Alain Soral, « multirécidiviste de la haine », selon Maître Rodolphe Cahn, conseil du Consistoire. Si la « quenelle » n’est pas un geste pénalement répréhensible « en tant que tel », sa diffusion, en revanche, l’est, a-t-il insisté. Alain Soral « instrumentalise la justice », a tonné Maître Jean-Christophe Loew (SOS Racisme). « Pourvu qu’on parle de lui, en bien ou en mal, ça fait du buzz », a-t-il poursuivi, déplorant « la cohorte des parties civiles non indemnisées » par le prévenu au fil de ses condamnations.
Le parquet de Colmar a requis jeudi six mois de prison avec sursis à l’encontre de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral pour avoir diffusé sur internet une photo de lui effectuant une « quenelle », geste assimilé à une sorte de salut nazi déguisé. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 10 janvier.
La « quenelle » est un geste « antisémite » en lien avec « le mépris » de la communauté juive, a estimé la procureur de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, qui, outre cette peine assortie d’une mise à l’épreuve, a requis l’indemnisation des parties civiles (SOS Racisme, la Licra et le Consistoire israélite du département). Elle a également demandé la publication du jugement dans la presse.
Déjà condamné à de multiples reprises, Alain Soral, absent à l’audience, « est en état de récidive » et « incite à la haine de l’autre » en diffusant sur internet son geste « délibéré, choquant et provocateur », a pointé la magistrate.
De son vrai nom Alain Bonnet, celui-ci était poursuivi pour « injure » et « incitation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Il avait diffusé sur son compte Twitter et sur son site internet « Égalité et Réconciliation » un cliché, pris le 5 mai, le montrant en train de faire une « quenelle » sur les marches du tribunal de Colmar.
Sur son site, Alain Soral, qui était venu dans la région de Mulhouse pour une conférence intitulée « Pédocriminalité : réseaux et code pénal », avait accompagné le cliché d’un texte évoquant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et la Licra. En avril, quelques semaines avant sa venue en Alsace, il avait été condamné à Paris pour négationnisme à un an de prison ferme avec mandat d’arrêt.
« Matériellement, ce dossier est vide », a balayé son avocat, Maître Damien Viguier, plaidant la relaxe. La « quenelle » n’est rien d’autre qu’un « bras d’honneur ou un doigt d’honneur » et non « un salut nazi inversé », a-t-il avancé.
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